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LA NUIT PERDUE

Sous les tilleuls irradiés de girandoles
Un orchestre jouait de frivoles motifs ;
Vers l’ombre des taillis fuyaient, à pas furtifs,
Des couples enjôlés au gré des farandoles.
 
Dans tout le parc c’était un scherzo de baisers :
Du rose épanoui des lèvres, ces corolles,
S’exhalait un parfum magique de paroles
Ouvrant un ciel menteur aux cœurs inapaisés.
 
D’un geste impérieux votre menotte pâle
Vers un bosquet de blancs lilas m’avait conduit ;
Une lueur de lune envahissait leur nuit,
Et vos cheveux fleuris s’auréolaient d’opale.
 
Nous frissonnions des violons, si langoureux !
Dont la brise apportait les conseils par bouffées,
Et des coups d’éventail, et des voix étouffées,
Qui ripostaient aux propos fous des amoureux.