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Page:Ducharme - Journal d’un exilé politique aux terres australes.djvu/67

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D’UN EXILÉ

parages, mais quoique je la crusse exagérée, elle était pourtant bien au dessous de la réalité et rien de ce que j’en avais vu et entendu n’était exagéré. Pour se faire une idée de ces lieux, que l’on se figure une navigation sous les cinquante-huitième degré de latitude Sud, à travers une continuité de vent violent, de pluie et de brouillards épais, une mer dont vous diriez que les vagues tombent plutôt du ciel qu’ils ne roulent sur la surface de l’Océan, prêt à vous engloutir à chaque instant. En un mot, pour se faire un tableau de la mer en cette région, figurez vous être entouré de montagnes d’eau sans cesse mouvantes majestueusement.

les 26 et 27, fort vent d’Ouest, temps couvert ; pluie et neige de temps en temps ; nous commençâmes à cingler vers le N. E. en doublant le Cap, à notre grande satisfaction. Car nous espérions sous peu de jours être délivrés de nos misères : c’est à dire que nous pourrions avec plus d’aisance jouir de l’avantage de demeurer sur le pont, lorsque nous viendrions dans les climats chauds. Aujourd’hui vers cinq heures, le vent tourna avec violence du côté du Nord et ceci nous obligea de mettre à la Cap.

le 28, le vent était diminué. Il soufflait de l’Ouest et nous poussait en bonne direction. Le temps était beau, la mer bien houleuse.

le 29, même vent qu’hier. Nous faisions bonne route, nous courrions au N. E.

le 30, beau temps, vent Ouest-Sud-Ouest assez violent. Nous commencions à sentir les premiers degrés de chaleur des Tropiques à