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AUX GLACES POLAIRES

actes de fermeté que l’on ne trouverait pas chez les Dénés.

On eut de cette prévoyance et de cette fermeté, puissantes à aider l’œuvre du missionnaire, une démonstration inattendue, en 1899, lors du traité, contrat que le gouvernement canadien proposa aux Indiens de l’Athabaska et de la rivière de la Paix. Demande leur était faite de céder les terres qui leur appartenaient, à titre de premiers occupants, à la Puissance du Canada, afin qu’on pût en disposer en faveur des colons, qui allaient affluer en ces régions. En retour, le gouvernement laissait aux Peaux-Rouges de spacieuses réserves inaliénables, avec des droits perpétuels de chasse et de pêche, versait une modique somme annuelle à chacun, garantissait certains secours, et promettait des écoles.

C’est sur cette question de l’école, si peu intéressante, croyait-on, pour ces hommes des bois et de la liberté, que les Cris du Petit Lac des Esclaves, les premiers abordés par la commission gouvernementale, l’été 1899, montrèrent leur foi pratique. En présence de l’assemblée plénière des sauvages, de prêtres et de ministres protestants, venus pour soutenir leurs ouailles respectives, « le gouvernement, raconte Mgr Grouard, déclare d’une manière générale et vague que des écoles seront construites et des maîtres envoyés pour instruire les enfants. Alors un des conseillers, frère du chef Indien, se lève et prend la parole :

— Nous aussi, dit-il, nous désirons que nos enfants soient instruits, mais encore faut-il savoir quel genre d’instituteurs le gouvernement veut nous donner. Prétend-il nous imposer ceux qui lui plaisent, ou bien voudra-t-il tenir compte de nos sentiments ?

M. Laird, le président, se lève ; il a compris la portée de l’interpellation, et il déclare solennellement que l’intention du gouvernement était de respecter la liberté de conscience.

— Je vois ici, dit-il, des missionnaires représentant des églises différentes. Eh bien, je suis autorisé à vous dire que le gouvernement vous donnera des maîtres d’école de la religion à laquelle vous appartenez.

« Alors vous eussiez vu le brave conseiller qui avait posé la question dans un élan de joie et d’enthousiasme,