Aller au contenu

Page:Dufay - L’Impôt Progressif en France,1905.djvu/173

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nous-même, puisqu’il ne supprime pas plusieurs des impôts qui frappent surtout la petite propriété et le travail.

Analysons les principales objections de la brochure :

1° Il faudrait, dit-on, ne s’attacher qu’aux signes extérieurs et visibles de cette fortune.

C’est là précisément le défaut capital de notre système actuel, qui base l’impôt sur des signes extérieurs et visibles d’une fortune qui ne répond jamais à ces signes. On a répété à satiété que le père d’une famille nombreuse a besoin d’une habitation plus étendue que le célibataire ; que tel négociant, un banquier, par exemple, peut gagner 50.000 fr. par an, dans un bureau de quelques mètres carrés ; que son voisin, exerçant un commerce demandant de vastes magasins, peut très bien ne gagner que quelques mille francs ; que la plupart de nos domaines ruraux sont, d’après une évaluation cadastrale immuable, frappés d’impôts qui ne répondent plus, et n’ont peut-être jamais répondu ni à leur valeur ni à leurs revenus : que nos impôts de consommation frappent nécessairement des revenus déjà insuffisants quand ils atteignent le travailleur et sa famille, etc.

2° L’impôt sur le revenu serait la source de difficultés sans cesse renaissantes : fausses déclarations, dissimulations de revenus, primes aux malhonnêtes gens, taxations arbitraires, retour à l’odieuse taille de l’ancien régime, triomphe de la fraude, incitation à la mauvaise foi, procès permanents entre l’État et les citoyens, fortunes