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Page:Dufay - L’Impôt Progressif en France,1905.djvu/184

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dernières années où l’homme ne peut plus travailler. Il faut donc bien que l’impôt ne commence à atteindre le revenu qu’après satisfaction donnée d’abord aux nécessités de la vie matérielle, ensuite à l’épargne destinée à la formation du capital. « Déterminer les moyens, dit Lamennais, par lesquels le prolétaire pourra parvenir à se créer la propriété qui lui manque, et à compléter de la sorte son affranchissement, tel est finalement, dans l’ordre extérieur, le problème à résoudre ; et ce n’est pas seulement la raison pure avec sa logique rigoureuse, c’est l’histoire tout entière qui le pose ainsi… Le problème de l’affranchissement réel et complet du prolétaire consiste dans la détermination des moyens par lesquels il pourra parvenir à se créer une propriété… Or, une propriété individuelle peut rencontrer des obstacles divers : sa formation peut être empêchée soit par l’extension abusive de la propriété individuelle elle-même qui, en concentrant aux mains de quelques-uns la matière de la propriété, ne laisse plus rien qui puisse être la propriété des autres ; soit par l’extrême degré de cet abus même qui concentre entre les mains de l’État la propriété tout entière. »

Ne sommes-nous pas, aujourd’hui, entre ces deux états que le prophétique penseur décrivait si bien quatre-vingts ans d’avance ? La lutte actuelle est engagée entre la classe peu nombreuse qui possède presque tout et qui ne veut rien céder, et les théoriciens qui pensent qu’il n’y a plus d’autre moyen que de résoudre le problème par l’expropriation générale au profit de la collectivité ?

Qui triomphera dans cette lutte ? est-ce le socialisme