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Page:Dufay - L’Impôt Progressif en France,1905.djvu/413

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Ceci n’est pas tout à fait d’accord avec les statistiques. La population rurale, surtout, diminue d’une manière importante. La population ouvrière est, plus que jamais, concentrée dans les immenses ateliers des entreprises industrielles où l’ouvrier n’est plus qu’une machine, comme une autre, entre les mains des grandes sociétés capitalistes. Je ne vois pas de possibilité de reconstituer la famille rurale et la famille ouvrière sur des bases solides, autrement que par une correction radicale de nos lois économiques, en commençant par la suppression absolue de tout impôt sur la part du produit du travail, correspondant au nécessaire, en faisant reporter cet impôt sur les grandes agglomérations capitalistes exploitant, au profit seul de quelques-uns, le travail de presque tous. Les statistiques sont là pour confirmer ce fait : aujourd’hui, plus de la moitié de la richesse totale de la France appartient à moins de 250.000 personnes.

3° « Vous ne changeriez pas grand chose en répartissant entre les travailleurs les grandes fortunes dont le nombre, en France, est excessivement minime. »

Nous venons de voir, en effet, que, sur 39 millions d’habitants, 250.000 possèdent plus que tous les autres[1]. C’est précisément cela qui est injuste et, peut-être, dangereux ; et si l’on trouve dans l’impôt, l’un des moyens, insuffisant à lui seul, mais qui, réuni à d’autres réformes de nos lois (procédure, lois civiles, administratives, etc.) puisse contribuer à rétablir l’équilibre, il n’y a pas à hésiter, dans l’inté-

  1. Ces 250.000 personnes riches représentent tout au plus un million de personnes, à raison de quatre individus par famille.