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Page:Dufay - L’Impôt Progressif en France,1905.djvu/420

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naires récalcitrants, ne voyant rien au-delà de la société riche qui les entoure, ignorant ce qui se passe dans le monde du travail créant cette richesse dont ils vivent. Ils ne connaissent pas plus le peuple français que le tsar tout-puissant, dit-on, ne connaît le peuple russe. Et, grâce à cette ignorance commune aux puissants de la politique comme aux puissants de la fortune, il arrivera aux uns et aux autres ce que comporte la logique des choses. L’entourage, l’ambiance, le milieu, les habitudes, les traditions créent autour d’eux une sorte d’atmosphère particulière donnant lieu à un phénomène spécial de mirage cachant la réalité et faisant prendre pour réel ce qui n’est qu’une vapeur trompeuse.

Vous avez beau dire à ces gens dont la myopie les empêche de voir plus loin que ce qui les entoure immédiatement :

I. Nous avons des lois qui demandent à de pauvres diables, non pas 20% et même 100 % de leur revenu, mais 100 % de leur capital lui-même, pour peu qu’ils aient recours à ces lois hypocrites faites, dit-on, pour les protéger.

Vingt mille petits propriétaires meurent laissant chacun 500 francs, ce qui fait au total un million ; le fisc et la procédure viennent vite au secours des héritiers et, pour les protéger, leur mange le million ; l’auteur de la note trouve cela tout naturel. Impavidum ferient ruinæ, dit Horace. L’habitude est une seconde nature, dit Pascal — Fraternité, solidarité, mutualité, altruisme, disent nos économistes — On corrigera cela quand on aura le temps et l’argent nécessaires, disent nos politiciens.