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Page:Dufay - L’Impôt Progressif en France,1905.djvu/454

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actuels, elles ne sont que trop achevées ; elles démontrent, par le résultat le mieux établi, que, depuis plus d’un siècle, le travail, seul facteur légitime de la richesse, n’a guère profité à la classe qui le produit. C’est bien là l’une des causes les plus actives qui tourmentent notre société contemporaine et donnent aux théories extrêmes un crédit dangereux parmi les masses laborieuses. Elles finissent par s’apercevoir que si elles ne travaillent pas tout à fait « pour le roi de Prusse » comme l’on dit, leur travail profite certainement à tout autre qu’à elles-mêmes. Ce résultat n’est certes pas encourageant, il finit par devenir irritant.

Lorsque je dis que l’impôt progressif dans une sage mesure, pourrait maintenir une certaine égalité réelle, qu’il corrigerait et atténuerait les effets de l’extrême inégalité naturelle, je crois que ce résultat serait favorable à toutes les classes sociales, qu’il apporterait un palliatif aux luttes politiques et aux guerres économiques qui font souffrir notre société actuelle. Les inégalités sociales sont certaines ; elles ne peuvent pas être supprimées plus que les inégalités naturelles ; mais elles peuvent-être, les unes et les autres, atténuées par une législation plus humaine en matière d’impôts. Y a-t-il quelque chose de plus injuste, par exemple, que de faire prélever par l’impôt plus du quart du revenu du pauvre cultivateur (c’est la proportion démontrée par les enquêtes), et seulement le vingtième ou, même le vingt-cinquième du revenu de l’opulent possesseur de rente. Renverser la proportion serait même plus juste, et, sans rétablir l’égalité de fortune entre ces deux contribuables, cela diminuerait tout au moins leur extrême inégalité