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Page:Dufay - L’Impôt Progressif en France,1905.djvu/464

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est pratiquée augmentent en richesse et en population, sans atteindre le droit de propriété qu’elle généralise, au contraire, et qu’elle rend plus indiscuté qu’il ne l’est en France. Du reste, il ne faut pas croire qu’en remplaçant aujourd’hui environ 819 millions d’impôts par l’impôt sur le revenu, ceux qui n’en seraient pas atteints n’auraient plus rien à supporter. Notre budget est si riche en impôts et en charges de toutes sortes qu’il reste environ trois milliards d’autres impôts qui atteindront encore la totalité des citoyens. Aussi, personne ne vient dire, comme le prétend M. Kergall, aux grandes masses populaires, vous n’aurez plus d’impôt à payer ; elles n’en auront encore que trop, vu la diminution générale des produits agricoles et industriels. Le critique ajoute que l’impôt sur le revenu est une sottise parce qu’il serait un instrument de péréquation. Or, chacun sait que c’est là une exagération qui n’a pas même besoin d’être réfutée : demander un peu moins aux pauvres, un peu plus aux riches n’aura jamais pour effet de supprimer ces deux états. Les pauvres seront un peu moins pauvres, les riches un peu moins riches et, entre ces deux classes, aussi nécessaires l’une que l’autre à toute société, il y aura certainement un plus grand nombre de citoyens appartenant à cette classe moyenne qui tend à disparaître aujourd’hui, qui fait la force des États, au dire de tous les historiens, et qui contribue puissamment à atténuer les conflits inévitables en ménageant le point de contact aux deux extrêmes. C’est une sorte, de zone tempérée où tout le monde peut vivre agréablement entre la zone torride de l’extrême richesse où règne la corruption et la zone glaciale de la misère où tout se déforme et aspire sans cesse à envahir le voisin mieux traité.