Aller au contenu

Page:Dufay - L’Impôt Progressif en France,1905.djvu/469

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pourquoi la ploutocratie ne s’empare-t-elle pas de cette unique occasion de recouvrer cette fameuse popularité qui la fuit de plus en plus et va à ses véritables adversaires, le socialisme et le collectivisme. Or, les deux systèmes peuvent bien essayer de trans former la société, mais ils sont incapables de résoudre la question, car ils supprimeraient la liberté encore davantage qu’elle ne l’est dans l’état actuel. L’homme aimera toujours mieux son bien personnel, à lui propre, sa propriété, en un mot, quelque petite qu’elle soit, plutôt qu’un droit indéterminé dans une collectivité impersonnelle, insaisissable qui échappe même à sa conception.

Mon verre n’est pas grand, mais je bois dans mon verre,


a dit le poète.

Il faut rentrer ici dans quelques détails. Au sujet des impôts de consommation et autres assimilés qui s’élèvent à 800 millions, M. Kergall fait un calcul un peu fantaisiste. Il y aurait en France 7.470.000 patrons et 10.525.000 personnes composant leurs maisons. Ceci rappelle la statistique tirée des documents fournis par l’enregistrement, d’après lesquels il y aurait douze millions de propriétaires, en y comprenant les heureux mortels qui possèdent vingt sous ; à ce compte, on peut soutenir que tout le monde est propriétaire, en France, les mendiants eux-mêmes ayant, de la tête aux pieds, depuis leur couvre-chef déformé jusqu’à leurs chaussures éculées, en passant par toutes les hardes qui couvrent leur corps, ce que les marchands d’habits estiment environ vingt sous. Nous sommes ici dans un cas semblable. M. Kergall ne donne pas le tableau de ces sept millions et demi de patrons ; mais on peut parier à coup