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Page:Dufay - L’Impôt Progressif en France,1905.djvu/523

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Il faut tenir compte de tous ces faits, il faut comprendre aujourd’hui qu’il est illogique de faire contribuer aux charges générales l’homme qui n’a pas même le nécessaire, ou ne possède que le strict nécessaire pour faire face à ses charges particulières ; enfin, que l’impôt ne doit commencer que là où finit l’indispensable. N’est-ce pas un contresens de préparer par l’impôt, frappant le nécessaire, une légion de malheureux qui, en définitive, retombent à la charge de la société, et peuvent aller même jusqu’à la menacer dans son existence, si le mal s’aggrave encore.

Lisez attentivement les ouvrages cités plus haut ; malgré la réputation de ces écrivains, je ne pense pas qu’on puisse y rencontrer un seul argument contre l’impôt progressif, qui ne soit démenti par les faits et les événements survenus depuis.

Est-ce atteindre le droit de propriété, comme ils l’ont prétendu, que de faciliter la création de la propriété par le travail, seule origine vraiment morale de ce droit, en modifiant la répartition de l’impôt.

Le temps de comprendre ces choses n’était pas arrivé, au commencement du XIXe siècle ; c’est là peut-être l’excuse des polémistes de cette époque, c’est déjà beaucoup que de bien voir ce qui existe ; c’est peut-être trop demander que d’exiger de prévoir les conséquences de ce qui n’existe pas encore. N’est-ce pas M. Thiers qui regardait comme impossible l’établissement des chemins de fer ? Avec une pareille clairvoyance en fait d’industrie, on pouvait tout aussi logiquement contester l’utilité et même la possibilité de l’impôt progressif.