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Page:Dufay - L’Impôt Progressif en France,1905.djvu/529

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le revenu, commence par faire à cet impôt les reproches que nous avons déjà rencontrés :

« Malheureusement, dit-il, le législateur ne semble pas disposé à diminuer le lourd fardeau fiscal qui pèse sur la propriété rurale ; bien loin de la diminuer, tous les projets de réforme qu’on nous apporte ne tendent qu’à l’augmenter. Il n’est pas difficile de démontrer que l’impôt global sur le revenu, par exemple, si on l’établit, retombera de tout son poids sur la propriété immobilière, la seule qui ne puisse pas échapper à l’œil du fisc ; il ne sera pas autre chose qu’une nouvelle prime donnée à la fortune mobilière si facile à dissimuler et une nouvelle cause d’infériorité pour la terre ; l’exode rural, bien loin de se ralentir, redoublera d’intensité.

« On voudrait dégoûter les agriculteurs de la terre qu’on ne pourrait pas inventer un système plus ingénieux, plus raffiné. On vient les relancer, les traquer au milieu de leur travail déjà si ingrat et souvent si rebutant, au milieu de leur vie d’inquiétude perpétuelle pour leur demander compte de tout ce qu’ils font, de tout ce qu’ils produisent, de ce qu’ils gagnent, et même de ce qu’ils mangent ; on violente, on révolte tous les instincts. On sait, en effet, combien il est difficile d’obtenir des agriculteurs, même les plus intelligents, la tenue d’une comptabilité régulière… les prévisions sont trop souvent déjouées par la malicieuse nature, et ce serait du temps perdu que d’aligner des chiffres. L’agriculteur remplace le grand livre par son bas de laine ; quand il est rempli, c’est que l’année est bonne ; quand il est vide, c’est qu’elle