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Page:Dufay - L’Impôt Progressif en France,1905.djvu/531

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Voilà la base normale, légale, juste, de l’impôt, et elle sera d’autant plus juste qu’avec l’exemption à la base, le petit cultivateur ne sera pas dégoûté de son métier aussi facilement qu’aujourd’hui, lorsqu’il saura que le strict nécessaire de son revenu lui reste intact ; que, s’il a des dettes on en tiendra compte ; que s’il a beaucoup d’enfants le fisc n’aura plus la cruauté, comme il l’a aujourd’hui, de prendre encore sa part sur la nourriture de ses petits. Les prétendues difficultés signalées par M. Méline sont résolues ainsi qu’il suit en Suisse : l’un de mes voisins de campagne, moitié cultivateur, moitié tailleur de pierres, me donne le décompte de ses impôts. Le revenu de sa culture est estimé à 500 francs, celui de son industrie de tailleur à 1.000 francs. Du total de 1.500 francs on déduit, 600 francs pour dépenses de ménage, 400 francs pour entretien de deux enfants mineurs, ce qui réduit le revenu imposable à 500 francs, sur lesquels il paie pour l’impôt cantonal à 1 fr. 20, 6 fr. et pour impôt communal à 1 fr. 50, 7 fr. 50.

Un petit cultivateur français, avec le même revenu et la même industrie, au lieu de 13 fr. 50, paierait au moins 150 francs sous forme d’impôt foncier, patente, personnelle, mobilière, portes et fenêtres, impôts indirects, etc.

Cela est simple comme bonjour et compris de tous les enfants de 14 ans sortant de l’école primaire en Suisse. Eh bien, je ne sais par suite de quelle sorcellerie, il est impossible de faire entrer dans la tête des Français, même ministres ou sortant de Polytechnique, un calcul aussi simple, aussi juste et aussi humain.