Page:Dufay - L’Impôt Progressif en France,1905.djvu/55

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aggravée du capital : in fenore venenum. Le contre-poids ou contre-poison est dans l’aggravation correspondante de l’impôt. L’intérêt a mis une arme perfectionnée entre les mains de l’armée capitaliste ; il faut donner à l’armée du travail un bouclier qui puisse la défendre ; c’est l’impôt progressif. Une législation doit avoir pour but non de faire quelques millionnaires, mais d’amener à l’aisance, à la culture morale et intellectuelle, le plus grand nombre possible de citoyens.

Nota. — Dans un ouvrage qui a paru en 1902 (librairie Bloud) M. Rubat du Mérac, avocat à la cour d’appel de Paris, professeur à la Faculté libre de droit, signale un fait qui vient à l’appui de l’opinion qui précède.


« La question de savoir si la rémunération des travailleurs s’est accrue aussi vite que celle des autres éléments de la production est fort discutée. »
 
« En fait, les statistiques officielles constatent une augmentation ininterrompue dans le chiffre annuel des transmissions à titra gratuit (donations entre vifs et successions) : 2 milliards en 1835, 3 milliards en 1855, 5 milliards en 1875, environ 7 milliards en 1895. Ces transmissions représentent la fortune acquise, qui est principalement dans les mains des classes riches ou aisées. Elles ont plus que triplé en 60 ans. Les renseignements précis que fournit la perception de l’impôt sur le revenu dans les pays où il existe viennent corroborer l’opinion de ceux qui croient observer une tendance générale à la concentration des fortunes. En Allemagne comme aux États-Unis, ils décèlent un double phénomène : diminution du nombre des riches en même temps qu’augmentation du chiffre total des capitaux possédés par eux. »