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Page:Dufay - L’Impôt Progressif en France,1905.djvu/68

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À côté de 200.000.000 d’hectares déjà cultivés par les civilisés, il y en a encore, dit-on, 100.000.000 d’autres servant de pays de chasse, de réserve, à ces restes non encore exterminés des pauvres tribus indiennes. Chaque année, on entame ces réserves et on lâche, un jour donné, de 100 à 200.000 affamés sur quelques lots de terre que l’on mesure par les degrés du méridien, tant ils sont étendus. Mais la terre n’est pas élastique. Quand le dernier Indien aura disparu, quand la dernière forêt vierge aura été abattue, quand il n’y aura plus de terre à distribuer, on se trouvera en face de millions d’hommes demandant leur place au soleil, et l’on verra le flot de cette mer humaine qui trouve actuellement son débouché à l’ouest, refluer vers l’est d’où elle est venue, et où ne se trouve plus de place à occuper. Les mêmes questions économiques et sociales qui nous agitent en Europe, vont se dresser formidables entre ces millions de travailleurs demandant leur part du produit, et les millionnaires ou milliardaires que l’état chaotique actuel aura rendus possesseurs de la richesse générale.

Et, comme tout, en Amérique, prend des proportions énormes, nos descendants assisteront, peut-être, d’assez loin, il faut l’espérer, à des révolutions sociales et politiques auprès desquelles les nôtres n’auront été que des jeux d’enfants.

Eh bien, ces évènements formidables se produiront un jour inévitablement et dans un temps peut-être peu éloigné ; il serait encore possible de les atténuer, et même de les éviter si une législation prévoyante préparait une meilleure répartition de la richesse produite par le travail. L’histoire prouve, d’une manière incontestable, que toutes les grandes