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Page:Dufay - L’Impôt Progressif en France,1905.djvu/86

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plus grand nombre, on la multiplie, on diminue la misère, qui est la conséquence forcée, en quelque sorte mathématique, de la concentration de la richesse en quelques mains. Pour rendre à l’art et à la richesse leur valeur vraie, il faut que le plus grand nombre puisse en jouir ; aujourd’hui il y a déjà progrès sur l’ancien état social, mais il reste encore beaucoup à faire : Une loi rationnelle, juste, humaine de l’impôt peut favoriser le perfectionnement dans cette voie. Les collections publiques appartenant aux communes ou à l’État seraient, tout naturellement, exemptes d’impôts, et, en tout cas, plus favorables à la propagation du goût, de l’érudition et de la science que les collections particulières, fermées au public.

En ce qui concerne les monuments artistiques ou historiques, si leur possesseur ne peut pas payer un faible impôt, c’est qu’il peut encore moins les entretenir. Il les laisse tomber en ruines et les conserve parce qu’ils ne lui coûtent rien ; un faible impôt le déciderait à les céder. En Allemagne, en Italie, en Suisse surtout, quelques citoyens riches, ou les communes ou l’État ont acquis ces monuments qui rappellent aux habitants et aux voyageurs les pages de leur histoire. On admire volontiers en passant les châteaux de Grandson, de Morat, de Lensbourg, d’Habsbourg et les pittoresques souvenirs du moyen-âge dans la vallée du Rhin. Ces archives de pierres sont encore plus précieuses et plus parlantes que nos vieux parchemins, nos vieilles chartes, nos vieux diplômes, joie des érudits, mais ignorés du peuple. Ici encore l’impôt, faible, du reste, contribuerait à rendre un service au public, en faisant passer ces choses précieuses aux mains qui peuvent les conserver.