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L’ouvrage de M. Garelli : L’Imposta successoria (Torino, Bocca, 1896 pag. 138-141) donne la valeur des biens immeubles déclarés pour l’évaluation de l’impôt sur les successions, dans le même Royaume-Uni, en 1894, s’élevant à 180 680 000 livres sterling, et celle des biens meubles à 141 421 000 livres sterling, le tout représentant 7 milliards et demi de francs. Garelli fait remarquer qu’en 1895 les valeurs successorales en France se sont élevées à 5 741 280 596 francs, dont 2 890 316 527 en biens meubles, et 2 844 964 069 en immeubles.

Ceci nous confirme dans cette idée qu’en France une partie importante des valeurs mobilières échappe au droit de mutation par décès : la richesse, en France doit être au moins égale à celle de l’Angleterre, surtout depuis que la terre anglaise a perdu plus de la moitié de sa valeur par l’effet du libre échange[1]. S’il y a une différence de plus d’un milliard dans les données de l’enregistrement, pour une seule année, cette différence s’élèverait à environ 35 milliards entre la richesse totale des deux pays, ce que les statistiques ne confirment pas. Cela tient sans doute à ce qu’en Angleterre toutes les valeurs mobilières sont, en principe, nominatives, ce qui empêche la dissimulation.



  1. Toutefois, M. Colson, dans son Cours d’économie politique (Guillaumin p. 111) reconnait la supériorité de la richesse anglaise sur la nôtre, malgré la dépréciation du sol : sans doute à cause de sa puissance industrielle et commerciale, « pour l’Angleterre, dit-il, le seul pays sur la richesse duquel nous ayons des données un peu précises, on peut à la rigueur, essayer une évaluation et dire qu’une dette égale aux deux tiers de la nôtre pour un pays dont la richesse est peut-être une fois et demie celle de la France, représente un fardeau moitié moins lourd. »