Page:Dufour - Vers les sommets, 1935.djvu/117

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
115
VERS LES SOMMETS

revolver au poing. Un seul incident était survenu, qui réjouissait toute la population. La candidature de LeBrun. Un hebdomadaire de Québec venait de lancer en grosses manchettes cette nouvelle : Le très talentueux avocat, Jules LeBrun, se présentera candidat indépendant à la prochaine élection complémentaire d’Olier-Lalemant.

C’était tout, et c’était énorme, affreux, terrible pour quatre chefs politiques de la localité ! Ils tremblaient de consternation ! Ils rageaient de dépit ! Le téléphone en savait quelque chose, car aussitôt l’un d’eux avait convoqué les trois autres, les sommant de rouler chez lui à toute vitesse. Eux rassemblés, c’était tout le comté en congrès. Ils tenaient en main le vote des quatre paroisses les plus considérables. Les autres, échelonnées aux confins des terres hautes, suivaient toujours, heureuses de supporter l’homme choisi par ces chefs, dont l’influence partout était prépondérante, dont les décisions faisaient loi, dont les oracles tournaient les têtes, dont les regards désarmaient.

Pour ces quatre du comité du salut public, il fallait tenir conseil sans délai, derrière des portes closes, fermées à clef, étudier les titres de noblesse de l’intrus, afin d’en disposer comme il conviendrait. En réalité on voulait déjà sa mort !