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VERS LES SOMMETS

se disent maîtres de leurs actes. Une fois devant lui, ils deviennent des agneaux, acceptent tout, font ses quatre volontés. En son for intérieur, chacun peste contre lui, jure sa perte ; mais on aime l’esclavage, la discipline politique ! Ça s’est toujours fait de même, que voulez-vous ? Après tout, le chef d’orchestre ne les traite pas mal dans le partage des dépouilles.

Ce fut naturellement Ledoux qui parla le premier sur le sujet alarmant qui les réunissait d’urgence :

— Mes bons amis, commença-t-il d’une voix émue, vous avez appris comme moi la nouvelle : la candidature de LeBrun. Premier mal pour nous. Ce qui l’aggrave, c’est le nombre déjà considérable d’électeurs qui l’appuient. On n’entend parler que de lui. Et savez-vous qu’il se présente indépendant ? Avez-vous bien envisagé la situation ? Un candidat se présenter sans nous, sans notre autorisation ? Un candidat indépendant dans notre comté ! Y pensez-vous ? Ç’en serait fini des beaux jours de discipline, d’ordre et de paix. Le comté serait au crochet d’un seul homme, d’un homme qui possède, sans doute, un talent magnifique, raison de plus pour qu’il ne fasse pas notre affaire, mais d’un homme farci d’utopies et de chimères. Je n’aime pas ces être-prodiges qui se cristal-