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VERS LES SOMMETS

de te féliciter de te porter candidat. Il m’a toujours paru que les gens honnêtes s’égarent en entrant dans ce labyrinthe. Penses-tu que je suis sérieuse, lorsque je veux ? Je crains tellement de l’être trop pour une jeune fille !

Pardonne-moi de t’écrire ces pages, qui ne traduisent pourtant que mon désir de ne pas te perdre. Celle qui va se noyer s’agrippe à la première planche de salut !… Nous t’attendons ces jours-ci, demain soir, peut-être ? Sois assuré que tous te recevront à cœur et à bras ouverts.

Ta toute aimante,
Élise Boisclair.

Jules LeBrun lut, puis relut une deuxième fois cette longue épître. Jamais il n’aurait imaginé une telle démarche et une semblable révélation de la part d’Élise. S’il avait été homme à provoquer, puis à supputer les attentions de certaines femmes, il n’aurait certainement pas compté Élise parmi elles, car elle ne lui avait jamais, au grand jamais, donné une seule marque de tendresse, de simple amitié même. Et lui, comme il n’éprouvait aucun sentiment affectueux pour elle, la lettre qu’il venait de lire le laissait tout à fait indifférent.