jeune homme un panier rempli de toutes sortes de nouvelles. Ce dernier trouvait un extrême plaisir, comme il goûtait souvent une grande amertume, à entendre le vieux serviteur dévoiler et commenter les secrets politiques des adversaires. Un matin, il disait à Jules, sur un ton de dépit, les regards enflammés :
— Au club des créchards, hier soir, M. Clément a été amené sur le gril. Prenez ma parole qu’ils l’ont tourné et retourné plusieurs fois. Ah ! les méchantes langues ! Ils disent que c’est lui qui vous a endoctriné. Et je vous assure que pour eux ce bonhomme ne vaut pas grand’chose. Il a des principes dangereux. Il hait le peuple. Il déteste ceux qui le gouvernent.
— Mais, père « Ben », je vous demande de quelle façon peuvent-ils exploiter ce stupide argument contre ma candidature ? remarqua Jules, d’une voix indifférente.
— D’après moi, voici comment, reprit le père Ben. Ils disent : « Celui qui a mis dans la tête de Jules l’idée folle de se présenter, c’est M. Clément. Pourquoi ? Parce qu’il entretient une haine terrible contre le parti au pouvoir. Il pense que si Jules est élu, son génie lui permettra de balayer du