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VERS LES SOMMETS

vrir les coupables. Était-ce aussi facile qu’ils le croyaient ? Les deux individus qui avaient accompli cet acte héroïque de sauvetage à l’égard de leur parti qui se noyait, craignaient-ils, étaient littéralement masqués lorsqu’ils m’arrêtèrent. Moi, j’étais seul. Aucun témoin ne serait venu corroborer mes dires. Puis, te rappelles-tu qu’à ce moment mes adversaires faisaient courir le bruit que je cherchais un prétexte pour m’évader de la politique après qu’on m’aurait versé les trente deniers ? Ils pouvaient m’accuser de m’être donné des agresseurs, puis d’avoir regretté ce geste à la dernière minute et de m’être rendu à Saint-Étienne.

— Selon moi, la preuve de ton incarcération était à demi faite, remarqua Françoise. Voici : tu pars de chez moi à une heure et tu arrives à Saint-Étienne à deux heures. Tes partisans ne pouvaient pas nier cette évidence. Une heure pour couvrir une distance de dix milles !

— Ils ne devaient pas m’accuser, mais ils l’auraient fait. Il aurait suffi d’une heure ou deux pour m’aliéner les meilleurs esprits. Tous m’auraient lancé à la face l’histoire du téléphone. On m’aurait dit :

— Monsieur, à une heure et demie, vous nous avez communiqué par téléphone votre décision irrévocable de vous retirer. Vous ne pouvez nier.