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VERS LES SOMMETS

lui crier sa passion, elle se faisait de plus en plus gentille et câline, redoublant ses propos futiles. Elle ne comprenait pas qu’avec lui il aurait fallu se montrer autre chose qu’une poupée, qu’une gerbe de fleurs.

Elle l’aimait de toute son âme depuis au moins cinq ans. Elle avait éprouvé la douleur de garder son secret tout ce temps. Même ses parents l’ignoraient. Que de fois, dans sa chambre rose, ou assise seule sur l’un des fauteuils du salon, elle avait bâti des châteaux en Espagne ! Dans son rêve exquis, elle apercevait au fond d’une belle terrasse une jolie villa pleine de soleil. De beaux tapis, de riches meubles, de gaies tentures l’ornaient. Un parfum de fleurs flottait dans les appartements. Devant un foyer où pétillait un feu d’érable, où brillait une flamme bleuâtre dessinant de belles arabesques, le jeune avocat et elle vivaient à jamais leur vie conjugale, pendant que du radio glissaient dans la pièce tiède des ondes mélodieuses !…

Elle avait juré de taire ces tendres sentiments, pour ne pas effaroucher le héros de ce rêve. Elle ne craignait pas encore. Elle se disait, naïve :

— Petit à petit, je m’en ferai aimer. Si son amour pour moi n’est pas encore allumé, je réglerai mes ef-