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VERS LES SOMMETS

— Je crois, Jules, que tu uses tes forces en pure perte. Le gouvernement du monde est sous le pouvoir des puissances d’argent. La voix forte des faibles comme toi est faible chez les forts comme elles.

Il avait répondu :

— Admettons, mère, que mon travail reste toujours à l’état de travail platonique, j’aurai eu la satisfaction de le faire, puis l’occasion d’acquérir une culture indispensable à l’homme qui veut servir. La société se meurt, faute d’hommes, d’hommes désintéressés et compétents.

Dans son esprit que le surmenage intellectuel chauffait à blanc, une voix se faisait souvent entendre qui le rendait perplexe :

« Ton pays a besoin d’hommes, au moins d’un homme. Qui te dit que tu n’es pas cet homme ? Et si tu étais cet homme, à quel moment précis devrais-tu surgir au milieu de ton peuple ? Pourquoi doutes-tu ? Tu jouis de tous les talents et possèdes au complet la science de l’Économie sociale et politique. Tu as, en plus, l’immense désir de pousser ton pays aux hauteurs où évoluent tant d’autres ».