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VERS LES SOMMETS

tour d’un soleil attiédi, folâtre une colline de nuages effilochés. Il y en a de toutes les couleurs, de tous les tons, de toutes les teintes, de toutes les nuances, depuis le rouge feu jusqu’au blanc mat. Le champ de trèfle grenat et mauve qui s’étend à ma droite, où butinent et se grisent des milliers d’abeilles, exhale des parfums de jeunesse et de joie saine. Là-bas la colline qui fait son joli gros dos au levant, colline que je n’avais jamais regardée, s’enlève dans l’espace en découpant sur l’azur un quart de cercle. Partout la nature étale les plus beaux tableaux. On se croirait dans les galeries du Louvre !

Qu’est-ce qui fait ainsi frissonner mon âme si suavement ? Qu’est-ce qui fait chanter le bonheur en elle ? C’est l’amour. Je suis follement amoureux, amoureux depuis un mois ! Cet amour m’a frappé au cœur, comme brille l’éclair, instantanément. J’ai vu l’aimée, cela a suffi. Je ne pouvais plus ne pas la revoir. Hier, nous avons échangé nos premiers serments. Dans trois mois, les cloches de l’église chanteront notre mariage. L’allégresse de l’hymen frissonnera en nos âmes !…

Oui, Françoise Clément, la personne de mes rêves, la « princesse charmante » sera ma femme ! On dirait vraiment que c’est en elle, par elle et pour elle que je naquis à l’amour. Quelle magie, quel