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UN VOYAGEUR

dépenses. Il fallait régler avec parcimonie toutes les rations, quand on ne voulait pas s’exposer à la famine. D’un autre côté, des prisonniers dans un fort nécessitaient des gardiens, qui perdaient à cette surveillance un temps précieux pour le commerce. Les principaux officiers du Nord-Ouest décidèrent qu’on conduirait les prisonniers au fort Laronge, à cent milles environ de l’Île-à-la-Crosse, et que dans cet endroit on les abandonnerait à leur sort. Quant à ce qui pourrait résulter de cet abandon, la compagnie ne s’en souciait guère. Elle s’inquiétait plus d’une peau de castor que de la vie d’un homme.

Le fort Laronge est situé à l’est de l’Île-à-la-Crosse, sur les bords du lac du même nom. De tous les forts du Nord-Ouest, c’est, au dire des voyageurs, le plus isolé, le plus triste, le plus ennuyeux qu’il soit possible d’imaginer. Il est peu fréquenté par les sauvages, qui n’y vont que pour vendre leurs pelleteries ; ils n’habitent point dans ses environs.