Page:Dugas - Un voyageur des pays d’en-haut, 1890.djvu/29

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
27
DES PAYS D’EN HAUT

ils s’étaient liés sans trop songer aux tristes conséquences qui s’en suivraient. Maintenant, revenus à eux, ces pauvres jeunes gens versaient des larmes et demandaient aux agents des compagnies de vouloir bien leur rendre la liberté, offrant de remettre l’argent avancé sur le salaire promis.

Vains regrets ! les bourgeois n’étaient pas hommes à se laisser attendrir par des lamentations. Ceux qui ont connu les vieux traiteurs de pelleteries, savent qu’une peau de castor seule avait la vertu de toucher leur cœur ; aussi jamais ils ne consentaient à résilier un contrat fait avec un serviteur. Le service d’un bon Canadien dans toute la force de l’âge, était pour eux un fonds trop riche à exploiter pour y renoncer par un simple sentiment de pitié. Le jour du départ arrivé, le nouveau voyageur devait, bon gré mal gré, monter en canot, et refouler son chagrin au fond du cœur.