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UN VOYAGEUR

voulut pas les écouter. Désolées, elles durent partir ; cependant le désespoir leur inspira une résolution extrême. À peine hors de la vue du fort, elles revinrent sur leurs pas, et se blottirent auprès du poste sans être vues. Elles voulaient choisir le moment où ces trois gardiens seraient isolés les uns des autres, pour les attaquer et les tuer, si elles le pouvaient. Peu après, l’un d’eux s’étant éloigné, elles se jetèrent sur les deux autres, qui n’étaient pas sur leurs gardes, et, armées de leur petite hache, elles en assommèrent un et blessèrent grièvement l’autre. Le troisième fut tué au moment où il accourait au secours de ses camarades.

Après cet exploit, les deux filles sauvages prirent dans le fort autant de provisions qu’elles voulurent. L’année suivante, ce même poste était commandé par un commis, qui avait à son service un batailleur célèbre, nommé Comtois, et un nommée Roussin, du même acabit.