Page:Dugas - Un voyageur des pays d’en-haut, 1890.djvu/97

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
95
DES PAYS D’EN HAUT

autres iraient au camp sauvage, qui se trouvait à une journée de distance de la Pointe-au-Sable. Sans trop réfléchir aux dangers qu’il pouvait courir, il consentit à les attendre. Le moindre accident arrivant à ses camarades, l’exposait à mourir de faim sur la grève. À peine le canot se fut-il éloigné du rivage que Charbonneau regretta son imprudence. Il n’était pas dans une île comme Robinson Crusoé, mais son sort n’en était pas meilleur. On ne lui avait laissé aucune arme pour chasser, et tout autour de lui régnait la solitude. D’un côté était le lac sur lequel sa vue se perdait comme sur l’Océan, et de l’autre des forêts sans limites dont il ignorait les sentiers. Il n’avait gardé de nourriture que tout juste pour trois jours ; si après ce temps écoulé, le canot ne revenait pas, Charbonneau serait obligé de jeûner. Tant que durèrent les provisions il supporta assez patiemment les ennuis de la solitude ; mais quand, après trois jours, il vit que ses camarades n’arrivaient