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Chacun des quatorze livres en lesquels se divise le traité de Pontano est précédé d’un Proœmium par lequel chacun de ces livres est dédié à un personnage différent. C’est au Proœmium du troisième livre[1] que l’auteur développe, avec une grande clarté et une grande élégance, ce qu’il pense des hypothèses astronomiques.

Après avoir rappelé que certains astronomes de l’Antiquité attribuaient les stations et les rétrogradations des astres errants à une attraction exercée par les rayons solaires, après s’être élevé contre une semblable supposition, Pontano poursuit en ces termes[2] :

« A mon avis, voici exactement ce qu’il faut croire et penser : Ces corps célestes accomplissent leurs mouvements et leurs révolutions d’une manière spontanée, en vertu d’un pouvoir qui leur est propre, sans être aucunement aidés par des forces extérieures, sans être aucunement attirés vers le Soleil par la chaleur que cet astre produit ; ils les accomplissent par l’effet de leur seule nature.

« Néanmoins, ceux qui ont imaginé les έπικύκλους (c’est ainsi qu’on les nomme en grec) me paraissent mériter des éloges extraordinaires. Afin d’obtenir un moyen de faire concourir les sens au profit de l’intelligence, ils ont exposé à nos yeux ces petits cercles auxquels sont fixés les corps des planètes, et par lesquels ces corps se trouvent, en leurs révolutions, portés en avant ou en arrière,vers le haut ou vers le bas, de telle manière que les véritables proportions de de chaque mouvement se trouvent conservées. Quoi de plus utile aux études, de mieux accommodé à renseignement, que ces inventions grâce auxquelles les sens prêtent à l’intellect le secours de leurs forces ; grâce auxquelles ce que poursuit la contemplation intellectuelle est, en même temps, exposé au regard des yeux ? Aussi l’usage de ces représentations s’est-il répandu sous forme d’instruments d’horlogerie qui figurent le cours des astres, de petites machines et de tableaux de toute sorte, à tel point que ces inventions méritent d’être jugées divines plutôt qu’humaines.

  1. Joannis Joviani Pontani Ad Joantiem Pardum de rebus cœlestibus liber tertius. Proœmium. Éd. cit., pp. 262-276.
  2. Pontano, loc, cit. ; éd. cit., pp. 267-269.