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LA THÉORIE DES MARÉES

L’une d’elles fait partie de cahiers[1] où, en grand désordre et d’une déplorable écriture, un étudiant a copié, vers la fin du xive siècle, un grand nombre de fragments philosophiques, presque tous empruntés à l’École d’Oxford. Parmi ces pièces, se rencontre le Tractatus de proportionibus de Thomas Bradwardin ; ce traité contient[2], bien entendu, la théorie sur la grandeur respective des éléments qu’en ont extraite les Questions sur les Météores attribuées à Duns Scot. Il se termine par cette indication[3] : Explicit tractatus de proportionibus editus a Magistro Thoma de Breduardin anno domini M°CCC°28.

Une seconde indication toute semblable se lit en un autre manuscrit conservé à la Bibliothèque Nationale[4]. Dans ce manuscrit, le Tractatus de proportionibus porte ce titre[5] : Magister Tho. de proportionibus motuum. Il s’achève par ce colophon[6] : Explicit tractatus de proportionibus editus a Magistro Thoma de Bradelbardin. Anno domini MoCCCo28.

C’est donc en 1328, vingt ans après la mort de Duns Scot, que Bradwardin composa son Tractaius de proportionibus ; les Questions sur les livres des Météores où ce traité se trouve cité, et cité sous une forme telle que l’hypothèse d’une interpolation soit inadmissible, ne sauraient être du Docteur Subtil ; le caractère apocryphe de cette œuvre est désormais hors de doute.

Wadding, qui s’était bien gardé d’en affirmer l’authenticité, avait désigné comme auteur possible le franciscain anglais Simon Tunsted, qui mourut en 1369 ; cette désignation avait pour seule raison un dire de Pitse ; celui-ci donne, en effet, Simon Tunsted comme s’étant tout spécialement consacré à l’étude des météores, et comme ayant composé un commentaire sur la Météorologie d’Aristote ; mais rien ne nous permet d’affirmer l’identité de ce commentaire avec les Questions qu’on a publiées sous le nom de Duns Scot.

Ce que nous pouvons affirmer, c’est que ces Questions sont d’un disciple de Jean Buridan ; leur enseignement au sujet du flux et du reflux de la mer nous en va être garant.

Ce que le Pseudo-Duns Scot dit des marées est complet, clair, ordonné ; mais il n’est pas utile que nous nous arrêtions bien

1. Bibliothèque Nationale, fonds latin, ms. no 16.621.

2. Ms. cit., fol. 211, ro, et fol. 212, vo.

3. Ms. cit., fol. 212, vo.

4. Bibliothèque Nationale, fonds latin, ms. no 14.576.

5. Ms. cit., fol. 255, col. a.

6. Ms, cit., fol, 261, ccl. c.

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