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LES ADVERSAIRES DE L’ASTROLOGIE

et foie chose et mauvaise de y adjouster foy et y mettre son estude ; et mesmement ceulx qui ont peuple à gouverner et qui sont à autres choses ordenés.

» Et néantmoins, misère humaine y fait aucuns entendre ; de quoy se complaint ce noble auteur, SaJustius : « Hélas, dit-il, se aucunes gens missent aussi grant estude à bonnes choses comme ilz font à choses qui ne leur sont appartenans, ne qui jà ne leur feront profit, et, qui plus est, qui sont très périlleuses, certes, dit-il, ilz ne fussent pas tant gouverniez de fortune comme ilz sont, mais ilz mesmes gouvernassent fortune. »


V
L’Astrologie à l’Université de Paris après Nicole Oresme.
Henri de Langenstein


Nous savons[1] qu’Henri de Langenstein prêtait grande attention aux pensées de Nicole Oresme et qu’il les suivait volontiers. Nous ne devrons donc pas nous étonner si l’enseignement du Docteur allemand touchant l’Astrologie porte le reflet des théories exposées par le Docteur de Paris.

Ce reflet éclaire ce qu’Henri de Hesse dit de l’impossibilité où se trouvent les astrologues de fonder une science certaine[2].

« Combien y a-t-il de combinaisons possibles des sept astres errants ? dit-il. L’homme ne saurait ni le rechercher ni le découvrir. C’est évident, car D n’est pas possible de savoir si les mouvements de tous les astres errants sont commensurables entre eux ou, du moins, si leurs vitesses sont commensurables entre elles, comme le déduit Maître Nicole Oresme.

» Cette raison est appuyée par la suivante. Il faudrait nécessairement connaître toute la durée comprise entre le commencement du cours de la nature et la fin de ce cours, afin de savoir si cette durée suffit ou non pour que telle combinaison de conjonctions se puisse accomplir, et cela lors mêmes qu’on supposerait

  1. Voir Cinquième partie, ch. VI, § IV, t. VII, pp. 585-600.
  2. Henrici de Hassia Tractatus de reductione effectuum specialium in virtutes communes et causas generales. Cap. XXIV : De modis et speciebus combinacionum virium tocius nature. 4a propositio. Bibliothèque Nationale, fonds latin, ms. no 2831, fol. 114, ro ; ms. no 14580, fol. 212, col. a.