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L’UNIVERSITÉ DE PARIS AU XVe SIÈCLE

Ce dogme étrange était le couronnement de la Physique péripatéticienne ; l’établir était l’objet du livre par lequel s’achevait la Φυσικὴ ἀκρόασις ; Saint Thomas d’Aquin avait eu le tort bien grave de le maintenir avec une inlassable fermeté ; grâce à sa puissante autorité, il se trouvait encore à Paris, à la fin du xve siècle, des maîtres qui soutenaient ce dogme en dépit des anathèmes par lesquels Étienne Tempier avait renouvelé l’antique condamnation portée par Saint Augustin.


F. Astronomie


Dans ses Questions sur le traité du Ciel, Le Tourneur parle longuement des systèmes astronomiques ou, plutôt, du système de Ptolémée, le seul qu’il décrive en homme qui le tient pour universellement reçu. Des considérations qu’il développe au sujet de ce système, bon nombre sont empruntées soit à Albert le Grand, soit à Saint Thomas d’Aquin, qui sont plusieurs fois cités. Mais Joannes Versoris s’inspire fort souvent d’un auteur plus modeste qu’il ne nomme pas, et qui n’est autre que Nicolaus de Orbellis. Nous reconnaissons sans peine de longs exposés qui ont été fournis par ce dernier ; telle la description des phénomènes qu’on ne saurait sauver si l’on ne posait des excentriques et des épicycles[1] telles les raisons pour lesquelles Vénus et Mercure, bien que situés au-dessous du Soleil, n’éclipsent pas cet astre[2] ; telles encore les considérations sur le triple mouvement du ciel des étoiles fixes[3] ; ne citons que ces dernières.

« Aristote admettait que le ciel des étoiles fixes était le premier ciel, et cela peut-être pour deux raisons ; ou bien, de son temps, on n’avait pas encore trouvé que ce ciel se meut de plusieurs mouvements, en sorte que les Cieux supérieurs n’avaient pas été découverts ; ou bien ce ciel est lé premier ciel visible… Mais l’auteur de la Sphère met un neuvième ciel au-dessus du Firmament, parce qu’il a supposé que le Firmament se mouvait de deux mouvements. Quant à Ptolémée, dont Albert suit l’opinion, il a mis deux orbes au-dessus du Firmament ; selon lui, donc, il y a dix cieux.

  1. Joannis Versoris Op. laud., lib. II, quæst. IX ; éd. cit., fol. XXVIII, col. c et d, et fol. XXIX, col. a.
  2. Joannis Versoris Op. laud., lib. II, quæst. XIV ; éd. cit., fol. XXXIII, col. d.
  3. Joannis Versoris Op. laud., lib. II, quæst. XIV ; éd. cit., fol. XXXIII, col. c. — CL quæst. XVI, éd. cit., fol. XXXVI, col. a.