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« N’IMPORTE OÙ, HORS DU MONDE… »

J’ai assisté une fois à une série de parties entre deux gais lurons qui avaient l’habitude de se lancer des défis aux cartes. Un des deux était, ce jour-là, particulièrement en déveine, si bien qu’il commença par perdre tout l’argent qu’il avait sur lui. Il joua ensuite la couverture de son lit, il la perdit aussi, de même que son oreiller. Ne sachant plus sur quel enjeu disputer la dernière partie, il joua… une gifle ! Et cette fois il gagna. De sorte que, s’il perdit tout, il eut du moins la satisfaction de faire rougir son copain trop chanceux.

Un avocat qui, en arrivant ici, n’était pas très ferré au bridge, désireux de se perfectionner, écrivit une lettre à sa femme pour la prier de lui expédier un traité théorique et pratique de ce jeu. Quand il le reçut, il nous le montra. Le manuel s’intitulait : Traité complet du jeu de bridge à apprendre en cinq ans. L’avocat crut à une plaisanterie de sa femme et entra en fureur.

Un jeu qui a rapidement gagné la faveur générale, c’est celui des échecs chinois. On connaît ce jeu. Il y a un grand carton percé de trous sur lequel sont tracés des triangles colorés réunis entre eux en forme d’étoile. Chaque joueur reçoit au départ un certain nombre de boules de la même couleur que son triangle. Il doit, par bonds successifs et suivant certaines règles, aller placer ses boules le premier dans le triangle de l’étoile dessiné en face du sien. C’est un jeu qui exige une grande rapidité de décision dans les mouvements qu’on opère, car chaque faute peut engendrer un retard considérable et compromettre le résultat de la partie.