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Depuis le jour de notre arrivée, un journaliste qui publiait un hebdomadaire à Toronto, un homme d’aspect paisible mais d’une humeur souvent farouche, capable de grands dévouements et de menues rancunes, se mit dans la tête de faire paraître dans le camp un petit journal dactylographié. Pour atteindre ce simple résultat, cet ancien confrère dut vaincre des difficultés matérielles presque insurmontables. N’empêche que son journal parut et fut publié régulièrement jusqu’au jour de la capitulation de l’Italie. Ce fut d’abord une feuille unique à laquelle vint s’ajouter une autre puis une troisième et ainsi de suite jusqu’à six et à sept feuilles. Cela s’appelait Le Bulletin et, au moment de sa splendeur, il tirait à autant d’exemplaires qu’il y avait de baraques.

Le directeur du Bulletin achevait de taper son journal quelques instants avant la fermeture des baraques. Avant l’extinction des lumières, dans chaque chambrée on en donnait lecture, surtout pour les camarades qui avaient travaillé pendant la journée dans la forêt ou qui n’avaient que des connaissances imparfaites de l’anglais ou du français et étaient ainsi heureux d’apprendre les nouvelles du jour.

Le Bulletin, rédigé avec verve, était rempli d’informations utiles. Il y avait d’abord un large résumé de toutes les dépêches et des communiqués publiés par les