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NOTRE VILLE

— Je croyais que c’étaient des Italiens. Mais ils sont tout comme des Français !

Puis d’autres groupes d’hommes, dans des voitures tirées par des chevaux, s’en vont chercher les troncs d’arbre abattus par les premiers et les apportent au camp où le bois est confié aux soins des scieurs qui débitent d’innombrables morceaux destinés à alimenter les chaudières des douches, les fourneaux de la cuisine et les poêles des baraques, l’hiver.

Ces travaux exigent un effort que tout le monde ne semble pas disposé à fournir. Nous sommes plusieurs qui prêchons d’exemple.

— Cela fait du bien et stimule l’appétit, disons-nous à nos camarades.

Quel excellent exercice de culture physique, en effet, j’ai fait pendant cinq ou six jours ! J’ai travaillé d’abord à l’abattage des arbres. Il faisait une chaleur accablante. Nous étions baignés de sueurs, bien que nus jusqu’à la taille. L’escorte qui nous accompagnait, chargée de nous surveiller, était on ne peut plus bienveillante. Chaque heure de travail était suivie d’un smoking time, dix minutes de repos qui nous permettaient d’en griller une. Les soldats et nous, couchés par terre, échangions des propos aimables. Aucune allusion à la guerre. Les officiers avaient donné cette consigne aux soldats. Et nous prenions garde de ne pas mettre dans l’embarras ceux qui avaient la charge de nous accompagner.

Le troisième jour, cependant, les choses se gâtèrent gravement pour moi. J’étais muni d’une pelle au moyen de