Page:Duliani - La ville sans femmes, 1945.djvu/83

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
81
INFIRMIER

travaillaient d’accord et sous les ordres de ces M. O. En deux ans, j’en vis défiler plusieurs. Un capitaine, au début, sérieux et très aimable ; un autre, resté presque un an, vétéran de l’autre guerre, quelquefois bizarre mais au fond excellent homme ; un autre, un capitaine d’une courtoisie exquise ; un autre, major, déjà âgé, vétéran de l’autre guerre, bon diable, doux et gentil et compatissant, car il avait été prisonnier en Allemagne pendant deux ans ; et enfin un jeune capitaine, actuellement outre-mer, d’esprit ardent et combatif. Tous très humains et très courtois.

Leur chef était un colonel qui, avant la guerre, avait une clinique en Europe et une à New-York ; médecin de renommée mondiale, homme d’une parfaite urbanité.

Les relations entre les médecins internés et les médecins militaires furent toujours très correctes et par moment même empreintes d’une cordiale confraternité. La solidarité professionnelle primait tout. Peut-être pas tout à fait au début, mais par la suite, au fur et à mesure que les preuves étaient faites que, parmi les médecins internés, il n’y avait point de traîtres ni d’ennemis du Canada. Au fait, le jour de notre départ du premier camp, le colonel, chef du service sanitaire, vint lui-même surveiller les opérations d’embarquement dans le train. En nous quittant, il nous serra la main, et nous dit d’une voix émue :

— J’espère que vous pourrez être libérés bientôt. Bonne chance !


***