Page:Dulorens - Premières Satires, éd. Jouaust, 1881.djvu/33

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

AU ROY
SATYRE I


SIRE, puisque ma muse à censurer s’adonne.
Et qu’en mon ver coquin je n’espargne personne,
Fusse mon propre frère, ou mon oncle, ou ma sœur,
Et, Dieu me le pardoint, mon père confesseur,
Puisque une plume libre est tous jours odieuse,
Qu’une bonne satyre est chose impérieuse,
Qu’un timide respect n’est pas son élément,
Qu’elle tient trop de soy, je ne sçai pas comment
Je la pourray ployer d’une juste contrainte
Au devoir qu’il faut rendre à la Majesté saincte ;
Désireux que je suis de luy faire un discours
Qui soit, comme l’argent, et de mise et de cours,
Portant de bien régner les reigles générales,
Et qui serve à tous roys de bréviaire ou d’annales :
Non que je m’imagine estre un Platon nouveau,
Pour des formes d’Estats tirer de mon cerveau,