C’est la vérité.
Le premier acte de mon pouvoir sera de faire donner la question à un certain Orsini, qui était à la cour du duc Robert II.
Et pourquoi, monseigneur, pourquoi ?
Pour savoir de lui comment il a accompli les ordres qu’il a reçus de sa souveraine Marguerite de Bourgogne, relativement à deux enfants.
Oh ! pardon, monseigneur, pardon de ne les avoir pas fait mourir, comme on me l’avait ordonné.
Ce n’était pas moi qui avais donné cet ordre… c’était…
Tais-toi, Marguerite.
Pardon si je n’en ai pas eu le courage ; c’étaient deux fils si faibles et si beaux !
Qu’en as-tu fait, malheureux ?
Je les ai donnés pour les exposer à un de mes hommes ; et j’ai dit qu’ils étaient morts.
Et cet homme ?
C’est un des guichetiers de cette prison ; on le nomme Landry ! Pardon.
C’est bien, Orsini ; voilà un trait qui te fait honneur ! une idée qui t’est venue à toi et qui n’est pas venue à une mère : qu’on n’avait pas besoin de tuer ses enfants lorsqu’on pouvait les exposer. Orsini, eusses-tu commis bien des crimes, voilà une action qui les rachète ; il te reste donc un cœur ! il te reste donc une âme ! embrasse-moi, Orsini ! embrasse-moi ! Oh ! tu auras de l’or ce que pesaient ces enfants ; deux garçons, n’est-ce pas ? oh ! mes enfants ! mes enfants ! Ah ! assez, assez, tu vois bien que la reine me prend en pitié.
Que me reste-t-il à faire, monseigneur ?
Prends cette lampe, et éclaire le chemin… Prenez mon bras, madame.
Où allons-nous ?
Au-devant du roi Louis X, qui rentre demain dans sa bonne ville de Paris.