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GABRIEL LAMBERT.

de génie, oui, vous avez deviné cela tout de suite, vous, tandis que les autres n’y ont vu que du feu ; oui, j’ai un secret, et, comme vous le dites, un secret terrible, un secret qui me tuera plus sûrement que le rhum que vous m’empêchez de boire, un secret que j’ai toujours eu envie de confier à quelqu’un, et que je vous dirais, à vous, si, comme les confesseurs, vous aviez fait vœu de discrétion ; mais jugez donc, si ce secret me tourmente si fort, lorsque j’ai la conviction que moi seul le connais, ce que ce serait si j’avais l’éternel tourment de savoir qu’il est connu par quelque autre.

« Je me levai.

« — Monsieur, lui dis-je, je ne vous ai pas demandé d’aveu, je ne vous ai pas fait de confidence ; vous m’avez fait venir comme médecin, et je vous ai dit que la médecine n’avait rien à faire à votre état.

« Maintenant, gardez votre secret, vous en êtes le maître ; que ce secret pèse sur votre cœur ou sur votre conscience.

« Adieu, M. le baron.

« Et le baron me laissa sortir sans me répondre, sans faire un mouvement pour me