Page:Dumas - Gabriel Lambert, Meline, 1844.djvu/143

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
133
UN TERRIBLE AVEU.

« — Bah ! comment voulez-vous que ça tourne, M. Granger ? disait Gabriel. Je serai maître d’écriture, quoi ! voilà tout, au lieu d’être garçon de charrue.

« — Ce n’est pas un état que d’être maître d’écriture dans un village, disait mon père.

« — Eh bien ! j’irai exercer à Paris, répondait Gabriel.

« Quant à moi, qui ne voyais pas le mal qu’il pouvait y avoir à imiter l’écriture des autres, ce talent, qui chaque jour faisait chez Gabriel de nouveaux progrès, m’amusait beaucoup. Car Gabriel ne se bornait plus à imiter les écritures seules, Gabriel imitait tout.

« Une gravure lui était tombée entre les mains, et, avec une patience miraculeuse, il l’avait copiée ligne pour ligne avec une telle exactitude, que n’eût été la grandeur du papier et la couleur de l’encre, il eût été difficile de dire, à l’inspection de l’original et de la copie, quelle était l’œuvre de la plume et quelle était l’œuvre du burin. Le pauvre père qui voyait dans cette gravure ce qu’elle était réellement, c’est-à-dire un chef-d’œuvre,