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LE FORÇAT.

Amphitrite, comme un géant révolté, semblait vouloir escalader le ciel, se tordant les bras dans les nuages, et hurlant de cette voix puissante qu’on n’oublie pas une fois qu’on l’a entendue.

Si bien que mon pauvre drame s’en allait de plus en plus en lambeaux.

Je déplorais un jour cette influence des objets extérieurs sur mon imagination devant le commandant du port, et je déclarais que j’étais tellement las de réagir contre ces impressions, que je m’avouais vaincu, et qu’à partir du lendemain j’étais parfaitement décidé, tout le temps que je resterais à Toulon, à ne plus faire que de la vie contemplative.

En conséquence, je lui demandai à qui je pourrais m’adresser pour louer une barque : une barque étant la première nécessité de la nouvelle existence que, dans sa victoire sur la matière, l’esprit me forçait d’adopter.

Le commandant du port me répondit qu’il songerait à ma demande et qu’il aviserait à y satisfaire.

Le lendemain, en ouvrant ma fenêtre, j’aperçus à vingt pas au-dessous de moi, se balançant près du rivage, une charmante