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CONFESSION.

l’avais toujours dit, ce garçon-là a sa fortune au bout des doigts.

« — Hélas ! monsieur, lui dis-je, vous vous méprenez sur mes sentiments ; je remercierai toujours le ciel de toute chose heureuse qui arrivera à Gabriel ; seulement, j’ai peur qu’au milieu de son bonheur il ne m’oublie.

« — Ah ! quant à cela, ma pauvre Marie, me répondit le maire, je ne voudrais pas en répondre, et si j’ai un conseil à te donner, vois-tu, l’occasion se présentant, c’est de prendre les devants sur Gabriel. Tu es une fille laborieuse, rangée, sur laquelle il n’y a jamais rien eu à dire, malgré ton intimité avec Gabriel, eh bien ! ma foi, le premier beau garçon qui se présentera pour le remplacer, je l’accepterais ; et tiens, pas plus tard qu’hier, André Morin, le pêcheur, tu sais, me parlait de cela.

« Je l’interrompis.

« — M. le maire, lui dis-je, je serai la femme de Gabriel ou je resterai fille ; il y a entre nous des promesses qu’il peut oublier, lui, mais que moi je n’oublierai jamais.

« — Oui, oui, dit-il, je connais cela ; voilà