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SUITE DE LA CONFESSION.

tête enfoncée entre les deux mains ; il ne m’entendit pas ouvrir la porte, il ne m’entendit pas m’approcher de lui. Je lui posai la main sur l’épaule ; il tressaillit et se retourna.

« — Eh bien ! me dit-il, toi aussi tu sais tout.

« — M. le maire vient de me raconter qu’il avait rencontré Gabriel à cheval et à l’Opéra ; mais peut-être s’est-il trompé.

« — Comment veux-tu qu’il se trompe ? ne le connaît-il pas aussi bien que nous ? Oh ! non ; tout cela, va, c’est la pure vérité.

« — S’il a fait fortune, répondis-je timidement, il faut nous en féliciter ; au moins il sera heureux, lui.

« — Fait fortune ! s’écria le père Thomas ; et par quel moyen veux-tu qu’il ait fait fortune ? est-ce qu’il y a des moyens honorables de faire fortune en un an et demi ? Est-ce qu’un homme qui a fait fortune honorablement ne reconnaît pas les gens de son pays, cache son existence à son père, oublie les promesses qu’il a faites à sa fiancée ?

« — Oh ! quant à moi, dis-je, vous comprenez bien que s’il est si riche que cela, je ne suis plus digne de lui.