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Page:Dumas - Gabriel Lambert, Meline, 1844.djvu/20

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GABRIEL LAMBERT.

mouvement la tête et les épaules, je l’avais bien dit que vous me les gâteriez… Mais enfin, puisqu’ils sont à votre service, il faut bien qu’ils fassent ce que vous voulez… Allons, Gabriel… un coup de pied jusqu’au fort Lamalgue… Du pain, du vin et un morceau de fromage.

— Je suis au bagne pour travailler et non pour faire vos commissions, répondit celui auquel cet ordre était adressé.

— Ah ! c’est juste, j’oubliais que tu es trop grand seigneur pour cela, M. le docteur ; mais comme il s’agissait de ton déjeuner aussi bien que de celui des autres…

— J’ai mangé ma soupe et je n’ai pas faim, répondit le forçat.

— Excusez… Eh bien ! Rossignol ne sera pas si fier. Va, Rossignol, va, mon fils.

En effet, la prédiction du vénérable argousin se réalisa. Celui auquel il adressait la parole, et qui sans doute devait son nom à l’abus qu’il avait fait de l’instrument ingénieux à l’aide duquel on est parvenu à remplacer la clef absente, se leva, et traînant après lui son camarade, car, ainsi qu’on le sait, tout homme au bagne est rivé à un autre homme,