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GABRIEL LAMBERT.

paroles, songez qu’il est neuf heures du soir, et que c’est demain à six heures du matin. Neuf heures à vivre, mon Dieu ! si vous ne me sauvez pas, je n’ai plus que neuf heures à vivre.

« — À onze heures je serai aux Tuileries.

« — Et pourquoi à onze heures ? pourquoi pas tout de suite ? vous perdez deux heures, ce me semble.

« — Parce que c’est à onze heures que le roi se retire ordinairement pour travailler, et que jusqu’à cette heure il demeure au salon de réception.

« — Oui, et ils sont là une centaine de personnes qui causent, qui rient, qui sont sûrs du lendemain, sans songer qu’il y a un homme, un de leurs semblables, qui sue son agonie dans un cachot, à la lueur de cette lampe, en face de ces murs couverts de noms de gens qui ont vécu comme il vit en ce moment et qui le lendemain étaient morts.

« Ils ne savent pas tout cela, eux, dites-leur que c’est ainsi et qu’ils aient pitié de moi.

« — Je ferai ce que je pourrai, monsieur, soyez tranquille.

« — Puis, si le roi hésitait, adressez-vous à