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Page:Dumas - Gabriel Lambert, Meline, 1844.djvu/47

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LE FOYER DE L'OPÉRA.

aux témoins, alors ? Puis, se battre à six heures du matin, comprenez-vous cela ? Qui est-ce qui se lève à six heures ?

Ce monsieur a donc été garçon de charrue dans sa jeunesse ; quant à moi, je sais que je vais être demain matin d’une humeur massacrante, et que je me battrai très-mal.

— Comment ! vous vous battrez très-mal ?

— Sans doute ; c’est une chose sérieuse que de se battre, que diable ! on prend toutes ses aises pour faire l’amour, et on ne s’accorde pas la plus petite fantaisie en matière de duel ! Moi, je sais une chose, c’est que je me suis toujours battu à onze heures ou midi, et qu’en général je m’en suis très-bien trouvé.

À six heures du matin, je vous demande un peu, au mois d’octobre ! on meurt de froid, on grelotte, on n’a pas dormi.

— Eh bien ! mais rentrez et couchez-vous.

— Oui, couchez-vous, c’est facile à dire ; on a toujours, quand on se bat le lendemain, quelque chose comme un bout de testament à faire, une lettre à écrire à sa mère ou à sa