Page:Dumas - La Dernière Année de Marie Dorval, 1855.djvu/58

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accent prophétique, qu’il n’y avait plus de doute à avoir, plus d’espoir à conserver.

Dès le même soir, grâce à un dernier bijou qu’on avait conservé pour un besoin suprême, Luguet était dans le coupé de la diligence, tenant la chère mourante sur ses genoux, comme dans la Pietà de Michel-Ange la Vierge tient son fils.

Au milieu de la nuit, on éprouva une violente secousse, des cris se firent entendre, les vitres éclatèrent.

La voiture venait de verser.

Il faisait une horrible tempête, Luguet emporta notre pauvre Marie sous un arbre de la route, et là, tous deux grelottants, percés par la pluie, ils attendirent le temps nécessaire à la réparation de la voiture.

Une demi-heure à peu près.

On remonta dans le coupé ; le groupe funèbre n’avait pas un instant été désuni : on eût dit que, de marbre, ces deux corps étaient adhérents l’un à l’autre.

Caroline, prévenue enfin, vint recevoir sa mère dans la cour des messageries. Un geste de son mari