Page:Dumas - La Princesse Flora (1871).djvu/60

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
56
la princesse flora

sons pour rendre le bruit de l’ouragan qui rencontre un obstacle ; il semble que tous les démons de l’enfer rient alors du rire de Satan, leur dieu.

Eh bien, c’était une semblable rafale qui fondait, furieuse et grondante, sur la frégate l’Espérance et qui enveloppait son gaillard d’avant dans un typhon, de sorte que la vague roula de la proue au tillac. La pesanteur de la masse d’eau, la violence du coup, la rage du vent étaient si formidables, que la bosse de la première ancre se cassa avant que la chaîne de la seconde ancre se fût tendue. La frégate tremblait comme une feuille ; et, tout à coup, avec une rapidité incroyable, elle passa sous le vent.

La seconde ancre n’avait pas eu le temps de mordre, et la première était insuffisante à retenir le bâtiment dans sa course. La frégate chassait.

Il y a peu de marins qui n’aient vu, pendant le cours de leur service sur mer, se tordre les chaînes de leurs ancres. C’est à la fois bizarre et terrible. Imaginez-vous des câbles gros comme la cuisse, qui, avec un bruit effroyable, s’échappent du faux pont