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la princesse flora

Les marins étaient tous à leur poste et les avaries n’étaient pas grandes. L’orage augmentait, la pluie tombait à torrents, et, dans le lointain du terrible tableau, grandissait une trombe. Elle s’avançait, formidable, au milieu des ténèbres blanchies, semblable à l’esprit des tempêtes décrit par Camoens. Son sommet touchait aux nuages et ses flancs étaient illuminés par d’incessants éclairs. La mer étincelait et fumait autour de la frégate, comme une immense chaudière en ébullition.

D’autres trombes s’élevaient comme la première et s’écroulaient avec un bruit énorme, semant de flammes phosphoriques les vagues sur lesquelles elles s’abattaient. Les matelots regardaient avec terreur le spectacle qui les entourait.

— N’ordonnerez-vous pas, capitaine, demande Nil‑Paulovitch, de régaler ces trombes de quelques boulets de canon ?

— Faites approcher seulement deux batteries, une à bâbord et l’autre à tribord, et ne tirez qu’au moment où la trombe curieuse viendra nous regarder de trop près. Je ne veux pas faire révolution à